mardi 15 novembre 2011

Molière

Ne craignez pas la biographie congelée et austère, plongez avec délice dans ce réjouissant spectacle! Un hommage brillant, drôle et inventif à l'incontournable figure du théâtre français réalisé par Laurent Tirard. Même si il ne vous reste comme moi que de brumeux souvenirs des pièces apprises sous la baguette à l'école, vous appréciez. Et je gage qu'un connaisseur en la matière prendra littéralement son pied.


Avant de devenir Molière, Jean-Baptiste Poquelin est un dramaturge tragique inconnu poursuivit par des créanciers. Sa rencontre avec Monsieur Jourdain le propulse dans un univers loufoque où se mêlent les futures intrigues de ses pièces.

Molière de Laurent Tirard (Le petit Nicolas, Gasp!) avec Romain Duris, Fabrice Luchini, Laura Morante, Edouard Baer et Ludivine sagnier - 2006.

Laurent Tirard excelle ici à l'écriture comme à la réalisation pour créer des ponts entre théâtre et cinéma. Il ne manquait plus que des acteurs talentueux pour finaliser l'oeuvre. On tient là les trois clefs de cette réussite: un scénario engageant et subtil, une mise en scène ingénieuse et des acteurs captivants.

Le scénario rend un bel hommage à l'esprit de Molière. Parti pris audacieux que d'inventer à Molière cette aventure censée lui inspirer ses futures créations. De véridiques zones d'ombres dans la biographie du dramaturge justifient même cette farce. La rencontre inédite des grandes figures de Molière (le bourgeois gentilhomme, Tartuffe, les précieuses...) est cohérente et jubilatoire. Les dialogues classiques et ceux de Tirard s'enchevêtrent à la perfection. La prose est pétillante, pleine d'humour et d'esprit. Les doubles jeux de parole propre à Molière fonctionnent aussi à merveille. Point de comique usurpé. L'histoire est dynamique, bien rythmée par les rebondissements théâtrals jusqu'au Deus Ex Machina final.


La mise en scène lance également des échos constants au théâtre. Notamment en jouant avec l'espace scénique. Les entrées et les sorties de "scène" sont joyeusement mises en valeur. Molière bondissant au ralenti par la fenêtre, Madame Jourdain trébuchant en sortant, monsieur Jourdain égaré brièvement dans le jardin... Les apartés du théâtre sont habilement reprises par des scènes en arrière plan: Chute de cheval de monsieur Jourdain vue par la fenêtre, baiser de la fille dans l’embrasure de la porte...


D'excellents acteurs complètent la partition; lui donnant corps et voix. Ils incarnent tous brillamment les caractère crée par Molière. Au premier plan Luchini, magnifique monsieur Jourdain, benêt crédule dont tous abusent. Une performance géniale, il se passe même de la parole mais reste hilarant (un défi pour un bavard tel que lui). Romain Duris est brillant, composant un Molière rusé à la frontière du prétentieux. Laura Morante est la vraie beauté, vive et généreuse. Et Ludivine Sagnier une peste de précieuse courtisée par l'opportuniste Edouard Baer. Tous vêtus de si biaux costumes. Gasp, je suis touchu!

Ce défi de faire revivre Molière, le réalisateur le relève haut la main. Ni trahison, ni plagiat, c'est une reprise intelligente en forme de fausse biographie-vrai hommage.

dimanche 13 novembre 2011

Le Chardon et le Tartan

Pour la première critique littéraire, voici le premier tome de la série à succès (Outlander) de Diana Gabaldon. Best-seller dont les aficionados, souvent des femmes, vouent un véritable culte à l'un des personnages, le flamboyant Jamie Fraser. Sur une trame de romance historique, Gabaldon convoque avec une inégale justesse plusieurs fantasmes (le principal étant le personnage de Jamie). Atmosphère propice à l'évasion et aux rêves, tantôt réussie, tantôt franchement exagérée.

1945, fin de la seconde guerre, en Ecosse, la jeune et belle Claire, heureuse et fraichement mariée, profite de son voyage de noce. Propulsée au hasard d'un étrange cercle de pierres en 1743, Claire plonge dans une Ecosse sauvage et brutale, couvant une rébellion contre les anglais. Elle devra compter sur sa débrouillardise et sur le fougueux Jamie pour affronter la méfiance des autochtones à son sujet. Les charmes du jeune écossais attirant irrésistiblement Claire...

Le jeu de l'auteur est avant tout de construire un double fantasme, historique et amoureux. Elle y parvient inégalement, l'amour pour son personnage parasitant ses qualités d'auteur (du point de vue masculin).
  • Fantasme historique: Gabaldon met en scène le vieux rêve du retour dans le temps, impliquant l'inévitable rencontre avec l'ancêtre de ses proches, la conséquence des actions sur le futur et la confrontation des modes de vie. Dimension surréaliste qui dote le récit d'un intérêt que la romance n'aurait suffit à créer elle-seule (du point de vue masculin).
  • Fantasme amoureux: Avec Jamie et Claire, l'auteur invente un couple mythique de héros fantasmés, idéalement parfaits, totalement dévoués l'un à l'autre. Individuellement déjà géniaux, leur union anoblit encore leurs perfections. Claire est une belle infirmière, adorable et curieuse, aventurière et débrouillarde. Ses connaissances des plantes médicinales et son intérêt pour le sexe achèvent de brosser ce séduisant portrait. A l'opposé du charisme discret de Claire, celui de Jamie est écrasant et universel. On perçoit sans mal le désir de l'auteur pour son personnage. Dans sa quête enflammée de concevoir cette idole masculine, Gabaldon en fait des tonnes (du point de vue masculin). Je m’abstiendrais par pudeur de lister les innombrables qualités et talents de Jamie Fraser. Ses soi-disants défauts (n'étant en fait que des sous qualités) servent aux admiratrices rêveuses pour justifier la perfection du personnage. Mais la présence d'un oeil masculin est ici déplacé. Ce qui lui semblent être qu'une grosse tarte à la crème romantique est finalement un pari réussi, à en juger par la frénésie internet générée par Jamie. Le jeu le plus répandu étant de trouver un visage à Jamie parmi des acteurs. Il devient sous la plume concupiscente de Gabaldon une marionnette qui sert les envies de l'auteur.

Le style de Gabaldon est souvent simple et direct, la lecture est légère. On pourrait relever certains procédés stylistiques redondants (ironie répétitive de Claire). Son écriture manque parfois de subtilité quand elle aborde les deux rails de son récit, l'histoire et la romance.

L'auteur approche le genre historique avec souplesse. Elle dresse une toile de fond cohérente sans passer par de lourds encarts pédagogiques pour expliquer la situation. Au lecteur de s'interroger sur les causes de la présence anglaise et autres. On découvre en surface une Ecosse fière et rude, quelquefois un peu stéréotypé. Les jeux politiques parmi un clan sont bien menés. La rébellion jacobite, incontournable pour les contemporains se penchant sur cette époque, est subtilement évoquée. Les allusions sont peu nombreuses, intelligente touche de réalisme car la majorité des écossais n'était que partiellement concernée. Un bémol avec la déconcertante facilité d'adaptation de Claire à sa nouvelle vie. Même si Gabaldon eut la sagesse de déplacer Claire des rigueurs de la guerre aux rigueurs de l'ancienne Ecosse, on peine à imaginer cet autre monde. Mais ce n'est pas le propos principal.

L'enjeu du récit, c'est bien sur la romance entre Jamie et Claire. Plus qu'un rail, c'est une véritable locomotive narrative qui pèse souvent trop sur l'histoire. Toute l'intrigue est conçue pour rapprocher inexorablement les deux personnages. Certains tournants narratifs devenant vraiment exagérés (l'union forcée de Jamie et Claire). Ce couple modèle de l'amour-passion, soupoudré quotidiennement de sexe brulant, déborde de sensibilité. L'emphase domine leurs rapports et l'auteur s'y adonne avec plaisir. Au mieux amusant, au pire pesant.

Une lecture agréable mais qui fera fréquemment tiquer le lecteur mâle. La surenchère est évidemment différemment perçu selon les personnes. Indubitablement écrit par et pour le beau sexe. Saint Jamie, bandez pour nous!

lundi 7 novembre 2011

Devdas

Vous connaissez ces oeuvres dont les titres vous courent les oreilles depuis des années? Ces films que tous vos proches ont appréciés. Ces chefs-d’œuvre que vous oubliez quotidiennement de télécharger. Ces créations devant lesquelles les critiquent éjaculent de joie à l'unisson. Un jour, miracle, on vous propose l'objet en question. Mais le danger est grand tant l'apriori est positif.
Devdas est de ces films. Acclamé partout! Pourtant accablant. Dès les premières scènes, la médiocrité vous saute à la gorge et ne vous lâche qu'après trois heures, vous laissant blême, à demi macchabée.
Paro brandissant fièrement la flamme de la connerie

Paro (Aishwarya Rai) et Devdas (Shahrukh Khan) furent amis enfants. Envoyé 10 ans à londres à cause de son père, Devdas est de retour. Les deux débordent encore d'amour l'un pour l'autre mais les différences sociales entre leurs familles vont ruiner leur union.

Devdas de Sanjay Leela Bhansali (Black) avec Aishwarya Rai et Shahrukh Khan - 2002.

Ce classique de la littérature indienne, pendant de Roméo et Juliette a déjà connu plusieurs adaptations, dont celle-ci commise par Bollywood. Unanimement reconnue au grand désarroi du chroniqueur probablement insensible. La déception est à la hauteur des mirifiques critiques. On ne peut que s'étonner d'un tel consensus autour du film (le même actuellement pour The Artist). A croire que le monde des critiques est une seule et même bête (parfois très bête). La déconvenue est aggravée par ces fallacieuses critiques face à la nullité de l'ensemble et l'abominable longueur (3h dont la moitié absolument vide d’intérêt ). La performance de Shahrukh Khan et quelques chorégraphies correctes ne permettent pas d'épargner le naufrage. La pauvreté de l’œuvre fait un écho amusant au luxe outrancier de la mise en scène. Le scénario éculé, les dialogues creux et le sur-jeu des acteurs amusent un premier temps (l'impression de voir des comédiens sous acide), lassent rapidement, puis énervent, et lassent à nouveau.

Devdas tentant vainement de se cacher dans ce fastueux gâchis

Théatralisation et histoire classique pourraient composer un style particulier, propre à la fable ou au conte pour traiter de thématiques universelles. C'est l'opposé, au plus mauvais sens du terme. Le scénario est un cliché usé de l'amour absolu, les acteurs sont pompeux et pénibles. La mise en scène, grossière, se cache derrière la débauche de richesse constamment vomie à l'écran. Lumières étincelantes, bijoux éclatants, luxe aveuglant parasitent l'image (maux de tête à prévoir). Chaque vison d'un lustre s'accompagne d'un ridicule tintement scintillant.

Peut-être que le défi du réalisateur fut de briller sur tous les niveaux de la caricature. Le bougre y parvient avec brio. Emotions et sentiments sont allégrement noyés sous les décors grandiloquents, les personnages pompeux et la réalisation (se voulant grandiose, grotesque en vérité). Le dernier traquenard du réalisateur, c'est la longueur. L'ennui s'installe. Il ne reste plus qu'à se laisser hypnotiser par les lumières et les interminables chorégraphies. Pas si déplaisant une fois engourdi, juste très long. Un visionnage laborieux mais complet pour légitimer cette critique.

mardi 1 novembre 2011

La leçon de piano

S'arrêter à Bright Star pour connaitre la réalisatrice Jane Campion aurait été une vilaine erreur. Car elle a déjà commis bien meilleur oeuvre que cette tristement classique histoire d'amour. A savoir, son film succès, palme d'or 1993, La leçon de piano. A la fois poétique et engageant, rêveur et juste, le film esquisse en finesse l'étrangeté des comportements et des relations humaines.


Milieu dix-neuvième, Ada mère muette, est envoyée rejoindre son nouveau mari en colonies anglaises, accompagnée de sa petite fille Flora, de son piano et de son grand besoin d'y jouer. Les circonstances l’emmènent à échanger ses moments au piano contre les désirs d'un associé de son mari.

The piano par Jane Campion avec Holly Hunter, Harvey Keitel, Anna Paquin et Sam Neill - 1993.

On est d'emblée captivé par l'atmosphère du film, la déconcertante arrivée en Nouvelle-Zélande, cette femme au blanc visage qui ne parle pas, les vagues puissantes et le piano sur la plage. Cette impression de rêve se dissipe un peu par la suite mais revient parfois par intermittence jusqu'à la séquence finale. La trame est classique mais efficace, la réalisation et les acteurs excellents.
On suit le surprenant duo composé de la petite fille enjouée et de sa mère, digne et silencieuse évoluant au milieu de la jungle. L'actrice Holly Hunter délivre un jeu magnifique, visage fermé mais débordant de force, corps vif et expressif. Mutique, elle confère à Ada une grâce véritable, un détachement et une volonté mystérieuse. Performance nécessaire au film dont l’intérêt et l'intrigue se jouent sur ce silence.
Les trois autres acteurs principaux, bien que moins fascinants, campent néanmoins très bien leurs personnages. En particulier la petite fille, Anna Paquin (futur Malicia des X-men), esprit affuté mais capricieux, criante de gaité et de réalisme. Harvey Keitel sobre, à la tendresse de bois brut. Et Sam Neill qui promène son hésitation, sa maladresse et son inoubliable face d'Alan Grant en tant que mari absent. Dès les premières scènes, on pourrait presque lire sur son visage qu'il va sera le couillon de l'affaire. Tragique couillon du quotidien.

La dimension poétique du film est portée par Ada. C'est son étrange présence et son impénétrable caractère qui troublent, perturbent et entraînent l'histoire, un pied dans le réel, un autre dans le rêve. Son silence créé un écho dans chaque scène, tisse des correspondances entre ses ressentis intérieurs et son environnement. La nature(vagues, pluie, jungle) et la musique témoignent de ses sentiments à la place de sa voix. C'est ce monde secret qui se cache dans les non-dits, pas seulement ceux de Ada, qui intéresse Jane Campion. La réalisatrice capture subtilement la complexité de cet univers invisible que sont les émotions. C'est bien là l'essence même de la poésie, d'accéder à une beauté cachée, insaisissable dans la réalité. Ici la beauté cachée ce sont les émotions, cernées mais toujours voilées par Jane Campion. Elle parvient à transcrire l'émotion tout en conservant son intrinsèque mystère (Peut-on vraiment comprendre l'émotion d'autrui?).

La réalisatrice ne présente pas une poésie cryptée et inaccessible, au contraire, son langage est accessible et instinctif. Les correspondances et l'étrangeté tracent un sentier poétique accueillant.
La nature, la musique et l'image traduisent l'état des personnages, évidemment surtout pour Ada. Le remous intérieur lors de l'arrivée au nouveau monde (les vagues), l'abandon du piano, le désir de Baines pour Ada quand elle joue... Au surprenant récit de Flora sur la disparition de son père se greffe une animation surréaliste de se dernier 'embrasant. L’ouïe et la vue sont toujours convoquées en duo.
La singularité des personnages, du lieu et des situations confère au film une légère ambiance de rêve. les robes victoriennes en pleine jungle, la mère muette et la fille à la vive repartie, l'air de piano revenant sans cesse. Lors de sa dernière apparition, le mari Allistair déclare qu'il est entré dans un rêve. Il choisira d'y mettre fin, à la discrétion de la réalisatrice, mais on peut imaginer le pire. Le titre même est un voile poétique. Ce n'est pas la leçon de piano qui importe mais bien le rapport entre les être qu'induit cette leçon.

Poésie ne rime pas forcement avec irréalisme. C'est même l'inverse ici. C'est bien grâce à cette réalisation poétique que les comportements des personnages gagnent en profondeur. Le marché de Baines (des touches contre une touche), la colère d'une enfant, la violence de la déception d'Allistair. Mais cela vaut tout spécialement pour Ada. Ses sentiments restent teintés de mystère. Qu'a t-elle réellement pensé du marché de Baines? Accepte t-elle ce marché par besoin ou par gout? Comment est-elle soudainement tombée amoureuse de Baines? Quel est le sens des caresses pour son mari? Comment a t-elle vécu la vengeance de ce ce dernier? Quel est le sens de son geste suicidaire final? Si des pistes sont lancées par la réalisatrice, celle-ci préfère rester en retrait et laisser incertaines les émotions de Ada. Les indices tissés par les jeux de correspondance n'étant qu'approximatifs. L'intelligence de Jane Campion est de ne pas cerner les sentiments de ses personnages mais de leur laisser leur énigmatique beauté.


L'histoire est classique mais brille par une mise en scène sensible et poétique. Les émotions, thème central, sont ébauchées à la perfection et quasi-personnifiées par Ada. Celle-ci rayonne d'une insondable grâce, portée par l'excellente performance d'Holly Hunter. Jane Campion arrive sans faute à traduire les émotions sans les figer. Une vraie réussite!

mardi 4 octobre 2011

Fools


Cette année, c'était l'Afrique du Sud qui était l'honneur au festival du cinéma de Douarnenez. On en profite d'ailleurs pour saluer le boulot original, accueillant et fort en gueule proposé chaque année en Finistère sud.
Une sélection de documentaires et fictions, souvent peu connus ou peu diffusés, invite à la découverte du pays.
Fools
révèle une Afrique du Sud post apartheid bafouée et désunie au travers la vie du professeur Zamani. Ce dernier mène une vie de regret dans les bras de l'alcool et des prostitués. Sans illusion, il enseigne dans un collège acquis aux thèses anglaises pro-aparthied réécrivant l'histoire du pays. Ayant abusé de l'une de ses élèves, son dégout de lui-même n'en est que plus grand. Sa rencontre avec Zani, frère de cette élève et activiste anti-aparthied naïf, engendre une laborieuse quête de rédemption.

Fools de Radaman Suleman avec Patrick Shai, Dambisa Kente et Hlomla Dandala - 1997.

Le premier tier du film est confus. D'emblée plongé dans le quotidien, on suit les protagonistes sans comprendre. La relative lenteur n'aide pas à décoincer la dynamique. Les relations entre les protagonistes et la trame générale ne s'éclairent que vers la moitié du film. Le choix "témoignage du quotidien sans explication" n'est pas mauvais en soi mais couplé à la réalisation sobre et lente, l'esprit du spectateur s'égare et son oeil papillonne.
Une fois ce confus début digéré et la trame assimilée, le propos devient intéressant, grinçant et juste. Le réalisateur Ramadan Suleman présente une Afrique du Sud humiliée (s'apprêtant à fêter leur propre massacre pour la gloire des anglais), divisée (autant par les déchirures publiques -aparthied- que privée -viol-) et blasée (soumission des personnages à la situation).
Humanité rampante et brisée que fustige le réalisateur dès le titre. "Fools! Abrutis! Voyez ce que l'apartheid a fait de vous!" Ramadan accuse presque moins les blancs que le complexe d'humiliation figé des sud-africains. Radaman a d'ailleurs l'intelligence de ne montrer les blancs tyranniques qu'avec une grande parcimonie. Le déséquilibre, blancs en minorité mais au pouvoir n'en est que plus flagrant.

C'est le jeune Zani ayant fait ses études à l'étranger qui vient perturber l'immobilisme. Son engagement contre l'apartheid, quasi-suicidaire, réveille peu à peu la conscience de Zamani. La culpabilité maladive du professeur le conduit finalement à soutenir Zani. La réunion de ces deux personnages qui n'ont pourtant pas lieu d'être proches, apparait comme une petite note d'espoir. Pas d'héroïsme ici, juste la sobriété pesante du quotidien et des caractères aux motivations diverses. Une tranche de vie réquisitoire et allégorique de la situation en Afrique du sud.

lundi 29 août 2011

Passé virtuel

"La vérité est ailleurs." Voici un spectacle que l'agent Mulder ne rechignerait pas à regarder entre deux cavalcades ésotériques. Deux similitudes entre la série à succès X-Files et ce film de science-fiction : enquête au dela du réel et facture cheap.
Douglas Hall est lin des concepteurs d'un jeu vidéo ultra-réaliste se déroulant à Los Angeles dans les années vingts. Quand l'un de ses collègues est assassiné, les soupçons pèsent sur lui. Douglas plonge alors dans le jeu virtuel pour éclaircir l'affaire et sauver sa peau.

The thirteenth floor de Josef Rusnak avec Craig Bierko, Armin Muller-Stahl et Gretchen Mol - 1999.

Début de scénario tarte, ultra-classique, meurtre puis soupçons (hachement original). Malgré l'absence certaine d'un bon jeu d'acteur et de dialogues subtils, on se laisse docilement porté par l'investigation pourtant brouillonne des protagonistes. Certes la réalisation (par Josef Rusnak) est simpliste mais ne boudons pas notre plaisir, les amateurs de réalité virtuel apprécieront. Devançant de peu Matrix en l'année 1999, cette production s'inscrit dans la veine des films aux mondes factices. Les années 90 en offrent une grouillante portée; Total Recall, Dark City, L'armée des douze singes, eXistenZ, The Truman Show... pour culminer avec le fameux Matrix. Christopher Nolan, discutant de son film Inception, évoque Passé virtuel et Dark City comme influences.
L'intérêt de ces productions c'est de présenter une histoire logique dans un monde qui le l'est pas. Le principe repose souvent sur une technologie créant un monde virtuel. La narration joue donc de ces aller-retours confondants entre réalité et fiction. Le but est de créer un vertige chez le spectateur qui s'égare entre le faux et le vrai, de le perturber par une folie logique. Le visionnage entraîne des discussions abstraites, cherchant à démonter ou démontrer la logique du film. Ici même si cette dernière manque parfois de cohérence, elle s'avère plutôt bien reglée.
On passe au final un assez bon moment avec Passé virtuel. L'effet de surprise est rouillé et le film a plutôt mal vieillit. On le déguste comme un téléfilm avec une 'tite discussion à la fin pour dénicher les incohérences.

Incohérences (et spoilers) :
  • Au début, Fuller donne sa lettre pour Douglas au barman. Celui-ci l'ouvre immédiatement sans raison. Acte mécanique inexpliqué qui sert les besoins du scénario. On peut toujours argumenter que c'est un barman louche.
  • L'enquête policière est bien légère car malgré les gros soupçons qui pèsent sur Douglas, pas de perquisition et d'écoute de son répondeur. Pourtant l'inspecteur sait que Fuller a appelé Douglas le soir de sa mort.
  • Le jeu a un défaut énorme, celui d'échanger les consciences d'un personnage virtuel et d'un joueur si celui-ci vient à mourir. Autant le défaut est compréhensible dans le projet de jeu inachevé de Douglas et Fuller, autant cette erreur est impossible dans une société (celle de la fin) où ces jeux virtuels sont répandus à grande échelle

mercredi 24 août 2011

Sommaire


  • Rhââ Lovely ! : Orgasmes à répétition du chro-niqueur. J'exagère, je ne me donne pleinement que devant une photo de Margaret Tchatcher. On atteint ici le sans faute.
  • A croquer sans tarder : Du bon et du très bon, de l'oeuvre réussi à l'indispensable.
  • Trésors cachés : Des œuvres méconnues à découvrir
  • To infinity and beyond : Qui suis-je? Ou vais-je? Quel est l'age de la capitaine et ses mensurations? œuvre qui questionne et taraude nos esprits embrumés par la matrice et les discours fumeux de l'Architecte (comprend qui peut). Hum par corolaire...
  • Que d'un œil : Une oeuvre plaisante avec de l'idée mais intérêt mitigé dont on peut se passer.
  • Pet d'ascenseur : Plaisir honteux mais jouissif.
  • Part d'Histoire : Oeuvre qui lorgne, introduit voire discute de l'Histoire. Biographie incluses.
  • Décontracté du gland : Prise de tête nul, originalité inexistante, autoroute du divertissement. Nanars marrants, rouleaux compresseurs d'Hollywood... Le repos du guerrier après Mulholland Drive.
  • Ca ne me fait ni chaud ni froid : Aussitôt vu aussitôt oublié, passez le message et votre chemin.
  • La guimauve ça dégouline : Oh je t'aime mais notre amour est impossible. Rodrigue as-tu du coeur? Amour toujours mais amour trop lourd.
  • Slips et capes : Les super-héros. Le pêché mignon du chroniqueur qui se pare volontier en puissant Thor pour pianoter le clavier à petit de Mjolnir.
  • Trahiture! : Oh mais il a cinq pattes ce canard! Trompé sur la marchandise, on s'attendait à un truc et on finit avec un machin.
  • Je me abricot : Un gars monte dans un noyer et crie "Au secours je me noix!". Alors un type monte dans un abricot et crie "Au secours je me abricot!". Idem pour moi dans certaines œuvre je n'y comprends rien, je m'y abricot et ne vois pas où le réalisateur veut en venir.

Morse

Voici un bon film de vampire qui s'écarte du genre fantastique propre ces récits, optant pour un réalisme cru et minimaliste. Suède, bâtiments gris, neige suédoise (plus blanche, plus froide et plus vicieuse que la neige de base), nuit, une œuvre au couleurs ternes et monotones où même le sang n'est guère éclatant. Le réalisateur Thomas Alfredson prend ainsi à rebrousse dent (l'humour est à Bernars henri pavé ce que matt Pokora est à la Bavière) les lieux communs des histoires de vampire. Une agréable surprise sortie en 2008.

Oskar a douze ans et vit avec sa mère. En plus de se geler ses jeunes testicules, des garçon de son école le tyrannisent. Une vie froide (au sens propre comme au figuré) et solitaire pétrit de rancune. Jusqu'à sa rencontre avec Eli une jeune fille de son age. Une amitié qui les transforme tous les deux.

Låt den rätte komma in - "Let the right one in" de Thomas Alfredson avec Kare Hedebrant et Lina Lindersson - 2008.

Le vampire c'est ce type adulte, arrogant, plutôt bien fringué, dangereux, avec des kilos de charisme; Dracula et consorts qui luttent contre les "gentils chasseurs de vampires". Ici c'est l'opposé de cette image classique, autant pour la lutte bien/mal que pour la caractérisation des personnages. Les motivations de ceux-ci sont bassement humaines, faim, vengeance, rancune, solitude... Par ailleurs personne ne parle de vampire dans le film, l'exceptionnel est d'emblée écarté. En définitive il s'agit d'un film fantastique bien plus réaliste et touchant que nombre d'histoire réelle mièvre et fade.

Le jeune age des personnages interpelle et nous entraine dans une fable innocente et morbide sur la solitude et la différence. Pas de grand rebondissement et une trame plutôt linéaire, notamment dans les rapports Oskar/Eli(dommage). Des ressorts scénaristiques parfois éculés sont à déplorer mais loin de gâcher la subtilité du film. Couleurs et images sobres, pas de mise en scène spectaculaire. un parti pris que l'on ne peut que féliciter. Il est bon, dans le paysage cinématographique actuel où le mythe du vampire est tant malmené de se pencher sur cette oeuvre originale offrant à la créature légendaire une facette inédite.

lundi 8 août 2011

Bright Star

Amour, costumes, biaux langages et dix-neuvième siècle anglais. Après avoir savouré le Pride and Prejudice de la BBC, je me plais à retrouver une ambiance similaire dans Bright Star de Jane Campion. Les frissons en moins pourtant.
Un film minimaliste pour cette histoire d'amour passionnelle entre Fanny Brawn et John Keats. Des intérêts et un mode de vie radicalement différents séparent les personnages. La mode et les bals pour la couturière à succès. La création casanière et la solitude pour le poète sans le sou. Mais leur grande sensibilité les rapproche rapidement.
Bright star de Jane Campion (La leçon de piano) avec Abbie Cornish, Ben Wishaw et Paul Schneider - 2009.

Les élans et les peines de coeur d'un amour en première floraison sont affectueusement peints et interprétés. Abbie Cornish et Thomas Sangster sont convaincants et vite attachants, grâce à un beau jeu de sincérité et de fragilité. Le rythme du film est fluide et léger, pas de lourdeur coutumière des histoires d'amour. Campion capture efficacement les bouffées de joie et souffrances abyssales de l'amour sans trop s'y noyer (danger de la guimauve). Par ailleurs très plaisant esthétiquement, des images douces et évocatrices des sentiments.
Beaucoup de qualités pour ce film mais je fais la moue. Les films traitant uniquement d'une histoire d'amour, ce n'est que rarement ma tasse de guimauve. Un film réussi, bien fait mais finalement très classique. Pas de surprise ou de prise de risque. Un bon moment mais rien d'original. On ne plane pas dans dans les étoiles, on volette gentiment avec les papillons au ras des pâquerettes.

vendredi 5 août 2011

Le Prestige

Le Prestige! En voilà un bon point de départ comme premier article. Que l'on veuille se caramboler les neurones ou non, je gage que ce film saura rassembler malgré ses défauts.
Sympathique divertissement faisant belle part au scénario sineux, même retors, des Nolan's brothers (Christopher et Jonathan).
Basé sur le roman éponyme de Christopher Priest, le film narre la guerre entre deux hommes (Christian Bale et Hugh Jackman) liés par la haine et la volonté destructrice de prouver à l'autre qu'il est le meilleur. Dans un dix-neuvième siècle londonien de foires et de théâtre, ces deux prestidigitateurs rivalisent de ruse et de hargne pour atteindre le tour parfait. L'instant magique où l'artisan besogneux de scène devient le temps de sa passe, plus qu'un homme aux yeux du public enchanté. Le Prestige!


The Prestige de Christopher Nolan (The Dark Knight, Inception) avec Hugh Jackman, Christian Bale, Scarlett Johansson et Michael Caine - 2006.

On retrouve ici tous les thèmes chers à Nolan; intrigue machiavélique, vacillement de la réalité, moralité branlante, morts tragiques et autodestruction. Un film facile à apprécier, nécessitant tout de même un minimum de concentration pour en saisir tous les détours. Il suffit de se laisser porter par le scénario. Les acteurs principaux ne brillent pas franchement, Christian Bale sans grande variété de jeu (on va dire que c'est le personnage qui veut ça) et Hugh Jackman correct mais manquant un peu de saveur. Michael Caine et Scarlett Johansson apparaissent pour les besoins du scénario. Une apparition électrique de David Bowie au coté d'Andy Serkis.



Je passe rapidement à la section analyse pour ceux qui ont vu le film. Petite parenthèse sur un travers de Nolan avant de commencer.
Avec Sieur nolan c'est le scénario qui prime, que l'on soit au pays des rêves ou à Gotham City. Le récit domine, tortueux, plantant des caractères torturés, psychologiquement et moralement instables. Sans pour autant renier les compétences certaines de Nolan à la réalisation, notons que l'homme construit ses films très mécaniquement. Le scénario est roi, et à force de suivre ses méandres et ses rouages, l'ensemble perd en grâce et en fluidité. Il y a une tendance très artificielle dans le travail de Nolan, mécanique de précision, travail d'horloger. Tout a un but et suit une logique implacable de cause à effet de la première à la dernière seconde. Chaque scène est une pièce du complexe puzzle que Nolan construit devant nous. Cette évidence, voire obligation de logique pèse un peu et manque évidemment de poésie et de naturel.

Emporté dans cette machinerie infernale, les personnages semblent trainés de force à travers ces scénarios labyrinthiques. Exception faite pour le Joker du Dark Knight qui offre une touche bienvenue de légèreté dans ces mondes téléguidés. Téléguidés oui mais de manière tellement virevoltante et nerveuse, façon grand huit et triple loopings que le spectacle fonctionne tout de même très bien.

Secrets et Illusions

Tout le film repose sur les liens entre secret et illusion, et du prestige qui en découle. L'illusion comme décors et le secret comme dynamique du récit. L'illusion consistant en ces coups de théâtre et faux semblants permanents. Déguisements, morts inexpliqués, retournements de situation et réapparitions rythment l'histoire.

Dès le départ, Borden déclare au neveu de Sarah "Si tu leur révèle le secret tu n'auras plus d'intérêt à leurs yeux. Le secret n'impressionne personne. C'est le tour que tu fais qui importe." Tout est dit. Borden et Angier sont respectivement créateur et chasseur de secret. Borden est un prestidigitateur né souhaitant créer le tour ultime. Angier cherche d'abord à se venger et finit obsédé de vendre du rêve aux spectateurs. Emulation et compétition permanente entre les deux. Ils s'affrontent toujours sur scène, venant y briser le secret et l'illusion de leur adversaire face au public.

Le secret comme moteur au récit et au protagonistes. D'une le film s'ouvre, comme beaucoup d'autre, sur une mort mystérieuse qu'il faut résoudre. Le récit est lancé. Ensuite les personnages, soit crée des secrets comme Borden, soit veulent s'en emparer comme Angier. Mais si Borden semble avoir toujours voulu atteindre ce but. Le cas d'Angier, poussé au début par le désir de se venger de Borden pour la mort de sa femme est bien plus intéressant. On aborde un point de bascule étonnant à la mort de la jeune assistante. Borden devant faire un nœud pour permettre à l'assistante de se détacher, il en fait un autre qui scelle la mort de celle-ci. Il se borne ensuite à répéter à Angier qu'il ne sait pas quel noeud il a fait. Il garde donc le secret (peut-être autant pour lui que pour Angier). Ce faisant il refuse à Angier de faire son deuil, appliquant son propre adage à la situation "Si tu leur révèle le secret tu n'auras plus d'intérêt à leurs yeux". Il aurait été bien moins douloureux qu'Angier sache la vérité pour faire son deuil. Borden fige ainsi Angier dans son deuil, le mystère macabre et l'envie de vengeance. Ce dernier est donc poussé à entrer en compétition avec Borden. Inconsciemment ou non, Borden se crée par ce biai un adversaire acharné et un spectateur attentif. Son but sera de tromper Angier.

Paradoxalement le moment de prestige le plus précieux pour Borden et Angier survient hors scène dans des faces à faces. Leur vrai public est donc l'autre. Pour les vrais spectateurs (nous), l'instant du prestige est, encore une fois paradoxalement, quand nous découvrons leurs secrets et nous éblouissons devant leur ingéniosité tenace et les sacrifices consentis. Vertige du prestige auquel on peut tout sacrifier. Au-delà du secret c'est donc la volonté de puissance qui anime les protagonistes. Atteindre ce moment où l'on devient un surhomme.
De telles prétentions s'accompagnent d'un évident affaissement de la moralité.

Prestige et Sacrifices

Angier et Borden ne se soucient guère du bien d'autrui. Ils sont mus par leurs propres intérêts et obsessions. Figure traditionnel du héros à la Nolan, culte de l'individu poursuivant une quête personnel. Non que cela soit dérangeant mais il convient de le souligner. Même son Dark Knight est d'un héroïsme discutable; traumatisme et culpabilité infantile, masochisme et code de conduite au-dessus des lois. Motivations égoïste donc très humaines et réalistes, pourtant on est très vite déconnecté du réel tant le réalisateur exagère les comportements extrémistes de ses personnages et porte ses scénario vers le fantastiques. Un genre de Dark Fantasy. C'est le mélange caractères égoïstes au service d'un scénario machine qui rend les personnages aussi peu attachant chez Nolan. Le Prestige ne fait pas exception à la règle.

Les deux prestidigitateurs sont prêt à tout pour réussir leurs tours. D'aplatir des piafs à tromper sa femme. Le Prestige s'apparentant au pouvoir, on retrouve ici la critique éculée mais toujours vrai "Le pouvoir corrompt". Au-delà du pouvoir, les sacrifices comme passages obligatoires pour atteindre son but. "Se salir les mains".

Creusons ici pour le plaisir la moralité des personnages et profitons en pour réhabilité Angier. Le tour final d'Angier, noyant ses doubles, est d'apparence très barbare. Pourtant en pratique c'est bien la procédure de Borden qui s'avère la plus immorale. Angier consent à se suicider chaque soir pour mener à bien son numéro. A tenter que la machine de Tesla existe, tuer son double reviendrait à se suicider. Bien que déprimant le suicide n'a rien de dangereux pour l'autre. Discussion un peu trouble c'est sur. Par ailleurs, Angier est tellement convaincu que le double qui tombe dans l'eau pense comme lui et accepte logiquement de se noyer pour son propre intérêt. On est vraiment ici, grace à cette machine magique, face à un comportement très excessif servant le propos de l'auteur. Jusqu'où est-on prêt à aller pour atteindre son objectif? Sa propre mort, réponse de Nolan qui garde néanmoins son personnage en vie. Cependant Angier cumule également les écarts, envoyant sa maîtresse espionner Borden et ravissant sa fille.
Borden pour sa part se montre particulièrement vil. Il accepte de partager sa femme avec son sosie et de d'être un mensonge permanent pour ses proches. L'offense est grande, la punition aussi car le femme de Borden finit par se pendre.

Après avoir fauté pour le prestige, les personnages sont punis de mort. Dénouement étrange sont tué "gratuitement". Borden est pendu pour un meurtre qu'il n'a en réalité pas commis. Angier tué par Fallon sans raison. Soit disant pour récupérer la petite fille mais étant de mèche avec Cutter il aurait pu s'arranger autrement (les besoins d'un scénario bouclé surement). C'est donc un homme de l'ombre qui s'en sort, Fallon étant tout aussi douteux que Borden.
Moralité claire comme de la boue.

Triple jeu


Juste pour finir comme un vrai Pavé, lourd, quelques interprétations tournant autour des thèmes du film. Avec le secret et l'illusion, on peut y lier trois mises en abyme via le moi, les autres et le monde.


Le Moi : "Je est un autre." Et paf dans l'œil la citation. Le film dévoile un moi insaisissable. Questionnement métaphysiquement rongée jusqu'à la moelle, qui suis-je? Qu'est-ce qui me définit en tant que Moi? Multipliant les sosies, le scénario brouille les pistes et les personnages perdent pied. Angier avec Roots qui lui vole son prestige. Le moi n'est-il qu'apparence?
Puis Borden partageant entièrement sa vie, même sentimentale avec Fallon. Notre Moi est-il véritablement unique? Notre petite vie a t-elle une réelle importance si elle est interchangeable?

Les Autres : Position première du film, l'autre est un secret. C'est le règne des illusions dans les rapports humains. C'est le rôle du prestidigitateur de tromper son public. Quelle différence hors scène? C'est Borden qui incarne la tromperie quotidienne avec Fallon. Et nous? Préservons-nous nos secrets pour être plus intéressant aux yeux des autres. Par ailleurs nous nous perdons facilement dans l'illusion de l'autre, en amour avant tout, pour une nuit ou la vie. Enchanté par une image de l'autre un temps, le quotidien banal et cru brise l'illusion. Jeu de dupe permanent.

Le Monde : S'applique autant à la société spectacle, un univers en soi, d'Hollywood qu'au monde en lui-même. Hollywood, machine à rêves pourrie condamnée à creuser toujours plus bas pour mystifier les foules. Un envers du décors puant. Acteurs prêts à tout pour le prestige de la scène destrucrice: Angier tuant ses doubles.
Enfin le Monde, s'en tenir à notre vision première ou essayer d'en comprendre les rouages. De s'extraire d'une perception de surface et de savoir pourquoi nous mettons nos vie de telle manière. Mythe de la caverne de Platon, Matrice de Néo, Etc...

Et bla et bla et au final

Indubitablement un bon film, surtout un brillant scénario faut-il préciser. Je reconnais être très facilement séduit par les intrigues de Nolan. Pourtant, surement pas un film réussi dans son ensemble. Outre le manque de fluidité, des acteurs moyens, une réalisation passable, des musiques vides et une photographie terne tirent le film vers le bas. De nombreux défauts pas franchement visibles mais qui empêchent l'œuvre de faire totalement illusion.





jeudi 4 août 2011

Création époustouflifiante



Amis, Rêveurs, Chomeurs, Poussin, Poussinette,

Pourquoi un blog? "Parce que" répondrait Ichabod Crane. L'humble chroniqueur Bernard-Henri Pavé ajoutera tout de même, pour Moi, pour les Copains, pour la Création et pour l'Ecriture. Parce que nombre d'œuvres méritent d'être connues, nous questionnent et nous enrichissent. Quand tant d'autres méritent d'être évitées, oubliées voire plongées dans l'huile bouillante.

Objectif donc: Un Pavé dans la mare.

Me jeter dans les mares, y patauger, nager et discuter avec les canards. Prendre la température, sonder les profondeurs et laper trois gouttes. Pour donner conseils et avertissements, distinguer les flaques à enjamber et celles à y plonger. Seul risque, être parfois un peu éclaboussé, mon défaut naturel de Pavé, j'en conviens et m'en excuse par avance.